Mais si l’on avait quelque bon sens, on se rappellerait que la vue peut être troublée de deux manières et pour deux causes : quand on passe de la lumière à l’obscurité, ou bien le contraire, de l’obscurité à la lumière. Si l’on réfléchissait que cela se produit de même pour l’âme, toutes les fois que l’on verrait l’une d’elles dans le trouble, incapable de distinguer quelque objet, on ne se mettrait pas sottement à rire ; on se demanderait plutôt si, faute d’accoutumance, elle ne se trouve pas aveuglée en arrivant d’un séjour plus lumineux, ou au contraire, si sortant d’une ignorance opaque vers la lumière de la connaissance, elle ne se trouve pas éblouie par des rayons trop éclatants pour elle. Dans le premier cas, on lui ferait des compliments pour sa façon de vivre et de sentir ; dans le second, on la plaindrait, et si l’on s’avisait de rire, ce serait avec plus d’indulgence qu’à l’égard de l’âme qui descendrait du séjour de la lumière.